mercredi 13 août 2008

Extrait de "La sorcière de Portobello", Paulo Coelho

Antoine Locadour, 74 ans,
historien, I.C.P., France


... Et je ne suis pas surpris que de plus en plus de gens s'intéressent aux traditions païennes. Pourquoi? Parce que Dieu le Père est toujours associé à la rigueur et à la discipline du culte. La Déesse Mère, au contraire, montre l'importance de l'amour, qui prime tous les interdits et tabous que nous connaissons.


Le phénomène n'est pas nouveau: chaque fois que la religion durcit ses normes, un groupe de gens significatif tend à rechercher plus de liberté dans le contact spirituel. C'est ce qui s'est passé au cours du Moyen Âge, quand l'Église catholique se bornait à créer des impôts et construire des couvents débordant de luxe; en réaction, on a assisté au surgissement d'un phénomène appelé "sorcellerie" qui, bien que réprimé à cause de son caractère révolutionnaire, a laissé des racines et des traditions qui ont survécu à tous ces siècles.

Dans les traditions païennes, le culte de la nature est plus important que le respect des livres sacrés; la Déesse est en tout, et tout fait partie de la Déesse. Le monde n'est qu'une expression de sa bonté. Il existe de nombreux systèmes philosophiques - comme le taoïsme et le bouddhisme - qui éliminent l'idée de la distinction entre le créateur et la créature. Les personnes essaient non plus de déchiffrer le mystère de la vie, mais d'en faire partie; dans la taoïsme et dans le bouddhisme, même sans figure féminine, le principe central affirme aussi que "tout est un".

... J'aimerais être optimiste, penser que l'être humain a enfin trouvé son chemin vers le monde spirituel. Mais les signes ne sont pas très positifs : une nouvelle persécution conservatrice, comme il s'en est produit très souvent dans le passé, peut encore étouffer le culte de la Mère.